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LE RECAPITULATIF DE L'ACTIVITE

"J’ai un nom" - Chanel Miller

"Refuser les ténèbres n’a jamais rapproché personne de la lumière." Chanel Miller a vingt-quatre ans lorsqu’elle subit une agression qui bouleverse sa vie. C’est une jeune femme timide et conciliante, du genre à s’excuser quand on la bouscule, qui mène une existence tranquille. Elle a un travail, un petit ami, et une famille aimante. A l’occasion d’un séjour chez ses parents à Stanford, elle accompagne Tiffany, sa sœur de deux ans sa cadette, à une soirée étudiante. Elle abuse de l’alcool au point de faire un black-out, et se réveille à l’hôpital, où elle apprend qu’elle a probablement été violée. Elle décide de porter plainte tout en restant anonyme, n’informant que ses proches de ce qui lui est arrivé, sans imaginer qu’elle entame ainsi le début d’un parcours aussi long que douloureux. Plus qu’une quête de justice, elle va vivre une épreuve d’endurance. A l’issue de longs mois de procédure faits d’incertitudes, d’attentes, et de reports, le coupable se voit puni d’une peine

"Massacre des innocents" - Marc Biancarelli

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"Mourez Innocents, mourez puisqu'il n'est nulle frontière entre ce que vous êtes et ce que vous fûtes, entre les états de l'être et de la conscience, mourez puisqu'il n'est de souffrance qui ne se perçoive et se réalise sans jouissance à l'équilibre. Mourez puisque vous n'existez que dans l'accomplissement de ce martyre." Le 4 juin 1629, un navire de la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales chargé de trésors, faisant route vers Batavia, s’égare loin du reste de sa flotte. Il s’échoue sur un récif au large de l’ouest australien, où les survivants du naufrage organisent leur survie, pendant qu’un groupe mené par les principaux officiers navigateurs tente, dans une chaloupe, de relier la terre ferme. Marc Biancarelli s’empare de cet épisode historique pour le faire revivre à travers un récit aussi âpre qu’intense. Aux conditions matérielles difficiles que doivent affronter les rescapés -notamment le manque d’eau et de nourriture- s’ajoute bie

"Tout garder" - Carole Allamand

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"Les gardeurs, les bergers de l'inutile : j'aime cette appellation légèrement bucolique et qui ne sent pas le renfermé." Carole Allamand vit aux États-Unis lorsqu'elle apprend le décès brutal de sa mère, Nelly Suter, jeune octogénaire. Elle se sent prise de court, amputée de la possibilité de rompre le silence, de franchir la muraille qui la séparaient de cette femme avec laquelle elle a toujours eu des relations distantes. Elle retourne pour la première fois depuis douze ans à Genève, afin d’organiser les obsèques et de vider l'appartement où elle a passé son enfance. À son arrivée sur les lieux, c'est le choc. L'appartement, où règne une intolérable puanteur, est envahi du sol au plafond d'objet divers, de vêtements et d’aliments formant des empilements qui rendent le logement impraticable, et dans un état d'insalubrité inimaginable. L’auteure découvre ainsi que sa mère, pourtant toujours élégante et tirée à quatre épingles, était atteinte du

"Règne animal" - Jean-Baptiste Del Amo

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"(…) une bête est une bête et un porc bien moins qu’une bête." La ruralité avec laquelle nous confronte Jean-Baptiste Del Amo n’a rien de bucolique. C’est d’abord celle du début du XXème siècle, dans une ferme modeste, un petit élevage porcin où le travail se fait encore à la main. Le paysan est réduit à sa fonction, son individualité vampirisée par le labeur auquel il est entièrement voué. Le quotidien est déterminé par d’immuables rituels transmis de génération en génération. Il reste d’ailleurs anonyme, désigné comme le père . Le monde intérieur de cet homme qui se tue à la tâche, vaillant et opiniâtre mais sans ambition, est passé sous silence -lui-même est un taiseux-. Il en est autrement de son corps façonné par la rudesse d’une existence dont les stigmates sont abondamment dépeints.  Le père vit avec l’épouse , femme bigote et avare, qui ignore la joie ou la tendresse, et qui impose sa férule puritaine et méprisante sur un foyer qui compte, hormis le couple, une fillet

"Crossroads" - Jonathan Franzen

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"Comment se faisait-il que s’apitoyer sur son sort ne soit pas sur la liste des péchés mortels ? C’était le plus mortel de tous." Début des années 1970, dans une banlieue aisée de Chicago. Comme tant d’autres, la famille Hildebrandt s’apprête à fêter Noël, qui s’annonce sous le blizzard. Russ, le chef de famille, est pasteur. Le couple qu’il forme avec Marion a comme rétréci, sa vigueur s’est étiolée avec le temps, les maternités dans lesquelles sa femme s’est retranchée, et le peu de soin qu’elle apporte dorénavant à son apparence. Frances, une jeune veuve de la paroisse pleine de vitalité et de fraîcheur, n’en acquiert que plus d’attrait aux yeux de Russ, qui s’emploie maladroitement à la séduire. Les Hildebrandt ont quatre enfants. Clem, l’aîné intello et désinvolte, est très proche de Becky, archétype de la lycéenne populaire qui éprouve pour son cadet Perry, adolescent surdoué mais sans force d’esprit et affligé de toutes les tares qui font dire de la puberté qu’elle est

"Un bref instant de splendeur" - Ocean Vuong

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"Qu’étions-nous avant d’être nous ? On devait être debout sur le bas-côté d’une route pendant que la ville brûlait." C’est une longue lettre adressée par un fils à sa mère qui lui a demandé ce que c’était que d’être écrivain. Il y " balance tout en désordre ", en une succession de souvenirs en coq-à-l’âne qui peu à peu dessinent la trame de l’histoire familiale.  Une histoire marquée par la guerre et l’exil, inscrite dans le corps et l’esprit de sa grand-mère au dos courbé et atteinte de schizophrénie, qui se réfugie sous une table pour échapper aux tirs de mortiers à chaque feu d’artifice. Une histoire qui a laissé à sa mère les souvenirs du racisme auquel sa peau trop blanche -et preuve de son ascendance partiellement américaine- la mettait en butte, et un illettrisme dû à l’interruption, à cinq ans, de sa scolarité, lorsqu’une attaque au napalm a détruit son école.  La barbarie de la guerre s’insère ainsi par flashs dans le récit, s’entremêle aux réminiscences de

"Fraternité" - Luc Dagognet

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"Je me suis réveillé à midi, j’ai vomi à treize heures, je suis en slip dans mon canapé avec un zoo dans le crâne et un rat mort dans le ventre, mais je m’en fous : seule l’aventure compte." Ça commençait très bien. Lisant dans un coin de mon salon le premier paragraphe de ce livre qui venait de m’être offert pendant que le reste de la famille se gavait de petits fours réveillonesques, j’ai été prise d’une crise de fou rire… ce n’est que quelques semaines plus tard (programme chargé de lectures oblige) que je me suis replongée dans l’ouvrage, impatiente de découvrir la suite de cette hilarante entame. Le narrateur, trentenaire, travaille dans une agence de communication. Célibataire, il vit à Paris, en compagnie d’une chatte baptisée Jean-Paul, car recueillie le jour de la visite, que diffusait alors la télévision, du Pape à Lourdes. Son intolérance pathologique au bruit, cause de son récent déménagement (il était à deux doigts d’assassiner sa vieille voisine en laissant traî